Le projet :
Trouver le sacré dans le banal. Retrouver l’étrange dans l’ordinaire. Vivre un éveil. S’ancrer dans le ici et maintenant. Multiples sont les philosophies, les écoles, le courants littéraires et artistiques qui ont incité à de telles quêtes, mais rarement la quête ne s’est avérée aussi vitale, essentielle, absolue qu’elle le demeure aujourd’hui. Dans L’infra-ordinaire George Perec nous invite à « interroger l’habituel ». Il rajoute « Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l’interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. Ce n’est même plus du conditionnement, c’est de l’anesthésie. Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ? ».
Quelle méthode faudrait-il alors inventer pour cerner l’anormale dans le normal, quel chemin mène vers l’ « entase » pour remplacer l’extase, quel endotique opposer à l’exotique pour offrir une langue au journalier sans goût. Comment extraire le magique du familier ? Il s’agit ici d’un exercice difficile. « Je ne cherche pas, je trouve », disait Picasso, mais pour trouver encore faut-il être présent, réceptif, disponible et ouvert à l’autre, à l’énergie qui circule, au soleil qui brille, à la chaleur qui s’en dégage, mais aussi aux questions simples : comment se réveiller, comment marcher, quoi manger, comment parler, communiquer, comment prendre une douche, pourquoi ? Jamais de telles questions n’ont été aussi pressantes, actuelles et libératrices. Raja Ben Ammar insistait sur le besoin de « Porter l’attention sur ce qui est, sur le vivant. » ce n’est qu’ainsi que l’immanence remplace la transcendance. Ce n’est qu’ainsi que le quotidien, le commun, l’ordinaire « l’infra-ordinaire », devient objet d’interrogation.
Ce projet est autoréflexif, sa méthode est inextricable de son propos. Un livre, une phrase, trois minutes, une conversation. Ainsi sommes nous partis, à travers nos deux écrans, cloitrés dans nos chambres, vers une quête dont on ne savait même pas l’objet. Un livre après l’autre on a échoué sur « Je jetais un regard anxieux autour de moi : du présent rien que du présent ».
La série de protocoles est disponible sur la page facebook du projet Ancra-je :
https://www.facebook.com/pg/ancraJe/posts/?ref=page_internal
Biographie de Oubeyd Ayari :
Oubeyd Allah Ayari est diplômé en audiovisuel de l’ESAC. Il a écrit et réalisé deux courts métrages de fiction: Sinnerman (2010) et La Complainte du Poisson Rouge qui a remporté plusieurs pris en Tunisie et ailleurs dont le prix du jury FIFAK (2011). Il a remporté le prix du meilleur film à l’occasion du “48 hour film project” avec 2084 en 2015. Il a aussi réalisé le télé film To the Mirage en 2018 qui traite de l’extrémisme religieux et du terrorisme ainsi que le mini doc Recto Verso sur la place de la femme dans le monde du cinéma en Tunisie. Il poursuit actuellement ses études supérieures à l'ESAC où il finalise sa thèse de doctorat intitulée Les Carences de Transmission dans le Cinéma Tunisien d'Aujourd'hui: la Narration en Question et où il continue à enseigner depuis 2015.
Liens des films :
La Complainte du Poisson Rouge : https://www.youtube.com/watch?v=_DQfnA1Btuo
Sinnerman : http://vimeo.com/66781332
Biographie de Marwa Manai :
Professeure agrégée d’Anglais à l’Université de Tunis, Marwa Manai a fait l’Ecole de l’Acteur au Théâtre National Tunisien pour intégrer la compagnie du Jeune Théâtre National où elle a travaillé en tant que comédienne et assistante à la mise en scène avec Fadhel Jaibi, Jalila Baccar et Raja Ben Ammar. Après avoir écrit sa première pièce intitulée A.S.H. elle a écrit et mis en scène Le Nom du père (2019) produite par le Théâtre National tunisien et sortie en Décembre 2020. Elle travaille actuellement sur une performance intitulée Sur le Seuil en collaboration avec le programme d'incubation Act Now au Centre Culturel International de Hammamet (mars 2020) et The Octopus Program avec l’Université des Arts Appliqués de Vienne et Kamal Lazaar Foundation. Elle a également été sélectionnée pour représenter la Tunisie au Directors Lab Mediterranean et collabore actuellement avec Museum Lab en tandem avec le réalisateur Oubeyd Allah Ayari pour le scénario d’un circuit culturel à la ville du Kef dans le cadre de leur projet Hkeya Fi Hkeya.