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Les peintures murales ornent les murs fissurés, émergeant d'une Casbah en ruine. Les scènes du vieux Alger sont figées dans les carreaux de céramique. Les photos d'époque encore vendues sur le trottoir. Les portraits de personnages historiques divinisés. Les cartes postales célèbrent les beautés en déclin ou les géographies disparues. Les peintures néo-orientalistes renouvellent les natures mortes et les odalisques de photos coloniales.

Le temps est suspendu.

 

 

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Dans la rue Miramar.
Dans la rue Miramar.

Toute une iconographie fait référence à un Alger mythique, agrandi, dégoulinant de nostalgie. Lorsque le kitsch est en concurrence avec le folklore. Là où le temps semble figé. Et, par une étrange collision de dates, il est maintenant suspendu. L'horloge de l'Histoire s'est arrêtée. Image. Mirage.

Le temps est suspendu.

 

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Façade de la gare d'Alger.
Façade de la gare d'Alger.

Mirage aggravé par des affiches électorales, se querellant avec les murs, représentant un président momifié, cloué à un fauteuil roulant, sur la même séquence historique confisquant le temps et l'avenir.

Le temps est suspendu.

  

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Gare d'Alger.
Gare d'Alger.

 

Alger, pris dans le passé, devient une carte postale énorme. Une affiche où la mer ne fait pas de vagues. Où les gens ne font pas de vagues. Nous ne sommes plus dans le temps historique. Nous sommes dans le temps mélancolique. Alger est une ville statique. Un sanctuaire du passé.

Là où le temps est suspendu.

 

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A l'intérieur d'une boutique d'artisan.
A l'intérieur d'une boutique d'artisan.

 

Il n'y a pas de présent et pas d’avenir, juste le temps des gloires fanées et des légendes urbaines. Je regarde ces fresques comme un storyboard urbain et je pense: la résignation. 

Oui. Le temps suspendu peut être le moment de la démission, de la résilience aussi, de la renaissance. Pour un peu de dignité.

Pour que le temps ne soit jamais suspendu.

 

À propos de l'artiste

Amina Menia est née en 1976 à Alger où elle vit et travaille. Elle a étudié à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts à Alger et expose son travail à l'échelle internationale depuis quelques années. Elle a récemment obtenu le soutien de la Fondation Kamel Lazaar et a bénéficié d’une attention considérable au Salon de l'Art Africain 1:54 de l'année dernière à Somerset House.

Amina Menia crée des œuvres qui lient la sculpture et l'installation, s'interrogeant sur la relation difficile entre les espaces architecturaux et historiques et les notions conventionnelles autour de l'espace d'exposition. Souvent dans les espaces publics, ses installations sculpturales invitent les spectateurs à interagir à travers les configurations socio-spatiales. Ancré dans l'histoire postcoloniale de son Alger natal, son travail se présente comme une invitation à réévaluer notre compréhension du patrimoine et à déconstruire les conceptions de la beauté. Les expositions de Menia comprennent: le Musée d'Art Moderne d'Alger (MAMA), Algérie; le Musée national de Carthage, en Tunisie; et Castille-León, Musée d'art contemporain (MUSAC) de León, Espagne. Elle a aussi récemment exposé au Musée d'Art Contemporain de Marseille, en France, au Royal Hibernian Academy à Dublin, Irlande, et au Musée du Design Africain à Johannesburg, Afrique du Sud. Elle a participé à la 11ème Biennale de Sharjah aux Émirats arabes unis et à la Biennale de Dakar 2014.


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